Un point de vue remarquable
Surplombant la vallée du Rhône et les coteaux de Côte-Rôtie, le belvédère de Tupin-et-Semons, inauguré en septembre 2024, offre un panorama unique et un point de vue incomparable. C’est également le point de départ d’un sentier découverte et d’un parcours de géocaching pour appréhender autrement le paysage local.
Côte-Rôtie : le vignoble le plus pentu de France
Des vignes perchées
D’un côté, le fleuve sculpteur qui déroule ses méandres vers le sud. De l’autre, le Parc naturel régional du Pilat et les derniers contreforts orientaux du Massif Central. Entre les deux, des pentes abruptes dominant le Rhône avec une altitude entre 180 et 330 mètres et présentant des déclivités pouvant aller jusqu’à 60%, ce qui pourrait les rendre impropres à la culture. Et pourtant !
Des terrasses soutenues par des murets de pierre sèche
Des aménagements spécifiques, les terrasses, que l’on doit au peuple gallo-romain, prouvent le contraire. Ces aménagements permettent de délimiter des surfaces agricoles exploitables, orientées vers le sud et optimisant les périodes d’ensoleillement de la vigne mais aussi de lutter contre l’érosion des sols et de conserver la terre sur les coteaux. La chaleur emmagasinée par les murets de pierre sèche – les cheys ou chaillets – créant un microclimat propice au développement de la vigne.
La conduite sur échalas
Sur ces terrasses, les vignes sont tutorées sur des échalas, parfois par ensemble de deux ou trois. Il s’agit de piquets pouvant atteindre deux mètres, fabriqués en châtaigner, en acacia ou en pin.
Ce mode de conduite optimise l’ensoleillement et favorise la résistance au vent du sud qui s’avère aussi un précieux allié pour assécher la vigne et limiter les attaques de type cryptogamiques. Le soleil a un impact sur la photosynthèse et donc le développement des sucs, très importants dans la phase de fermentation, pour obtenir le vin.
L’un des plus anciens vignobles de France
Créé par les Allobroges, le vignoble de Côte-Rôtie serait le site originel de la culture de la vigne en Gaule. Il est ensuite développé et structuré en terrasses par les Romains, qui développent la navigation sur le Rhône.
Le mot « Tupin » viendrait d’ailleurs du nom romain « Tepius », en référence à une ancienne villa gallo-romaine appartenant à un certain Tepius, ou bien de « Tepino » qui signifie pot de terre. La légende raconte qu’un ermite parvint à détourner une bande de pillards qui se dirigeait sur Condrieu en leur organisant un festin au cours duquel tant de grandes marmites en pot de terre furent brisées que le lieu fut nommé Tupin.
« Semons » pourrait être issu de l’expression sub montem « sur le mont ». Les deux hameaux principaux, Tupin, situé au bord du Rhône et Semons situé au sommet de la colline, ont ainsi donné leurs noms à la commune.
Tupin-et-Semons, l’une des 3 communes AOC Côte-Rôtie
Un village marqué par les crues du Rhône
Autrefois localisé au nord de Corps de Loup, à l’emplacement d’une chapelle aujourd’hui disparue, le village de Tupin fut emporté par une crue du Rhône au 18e siècle. Seules deux maisons résistèrent à la destruction, les plus anciennes du village. Celui-ci est alors reconstruit plus haut, hors de portée des crues du Rhône : il s’agit du village actuel.
De rubis et d’or
La légende veut qu’un riche seigneur propriétaire de la Côte-Rôtie partagea le vignoble entre ses deux filles, l’une blonde comme les blés, l’autre brune comme le jais. En réalité, c’est le Reynard, le ruisseau central du village d’Ampuis, qui divise le vignoble en deux parties avec la Côte Blonde au sol de gneiss altéré au sud et la Brune au nord, avec ses sols de micaschistes altérés.
À Tupin-et-Semons, c’est la Côte Blonde qui s’épanouit au soleil, avec pour cépage principale la Syrah, composant principalement les vins de Côte-Rôtie, mais également un faible pourcentage de viognier (dont sont issus les vins de Condrieu), un cépage présent lui aussi sur la commune, ajouté à la confection de la Côte-Rôtie.
La vigne au fil des saisons
Le belvédère de Tupin-et-Semons offre un point de vue incomparable pour suivre l’évolution du vignoble tout au long de l’année. D’un mois à l’autre, les coteaux se parent de teintes différentes et requièrent un travail et un soin particulier en fonction de la période. Ces actions, réalisées par les viticulteurs locaux toute l’année, sont ici mises en lumière grâce aux rayons du soleil sur les lames du belvédère.
À chaque action sa définition
1. BUTTER (avant l’hiver)
Ramener de la terre au plus près des pieds de vigne pour les protéger du vent et du gel hivernal.
2. REBROCHER (fin d’automne/début d’hiver)
Consiste à remplacer un pied mort par un plant, sans arrachage total de la parcelle de vigne. Pas obligatoire mais fortement recommandé, il est capital de remplacer les ceps qui n’ont pas survécu à l’année. Cette méthode se traduit par un mélange de jeunes et d’anciens ceps au cœur d’une même parcelle, avec un rendement régulier et équilibré.
3. RENFICHER (hiver)
Consiste à entretenir les supports, piquets, fils, etc… juste avant le pliage
4. REMONTER les murs (hiver)
Consiste à entretenir les murs de terrasses
5. ESSARMENTER (février)
Les vignerons ayant fait tomber dans les rangs de vigne de nombreux sarments, il vont les rassembler en bout de rangée puis les éliminer en les brûlant. Une autre méthode consiste à mettre ce bois en fagot pour être utilisé pendant l’été.
6. TAILLER (fin d’hiver – février/mars)
Ces tailles faites pendant le cycle hivernal permettent de sélectionner l’unique baguette du cep qui produira des raisins à la prochaine récolte. Etape d’entretien de la vigne la plus longue, elle dure tout l’hiver.
7. PLIER (printemps – mars/mai)
Une fois la période de taille achevée, vient le moment du pliage des baguettes. Cette mission consiste à plier les baguette fructifère (branche qui va donner du raisin) sur le fil à baguette. Cette action permet de maintenir la vigne et d’assurer la bonne répartition du feuillage et des grappes de raisin au fur et à mesure de la floraison.
8. DÉCAVAILLONNER (avril)
Action délicate qui consiste à travailler le sol entre les pieds de vignes, c’est-à-dire retourner la terre et arracher les mauvaises herbes.
9. RECÉPER (printemps ou fin d’été)
Le recépage consiste à sélectionner un jeune pampre à la base du cep au printemps pour créer une nouvelle charpente au pied et ainsi supprimer l’ancien bois. Le but est de rajeunir les troncs pour éviter l’apparition des maladies du bois. Généralement, il est réalisé de manière ponctuelle dans la parcelle.
10. EBROTTER (juin)
C’est une technique complémentaire de la taille qui évite de nombreux coups de sécateur l’année suivante. L’ébourgeonnage consiste à supprimer tous les bourgeons et les jeunes rameaux « inutiles » qui poussent sur le tronc, les bras ou les baguettes.
11. GREFFER (juin/juillet)
Procédé de multiplication de la vigne. Il est réalisé par soudure de 2 vignes différentes : le porte-greffe qui prendra racine dans le sol et une autre variété qui formera la partie aérienne de la plante en développant feuillage et fruits.
12. ECIMER (juillet)
Suppression des extrémités des rameaux poussant vers le haut (écimage). Limite le volume végétatif exposé aux maladies (moins d’entassement de végétation) et éviter que la vigne ne retombe
13. EMOUCHER (juillet)
Consiste à sectionner les rameaux du bas de l’arcure après les grappes, pour arrêter le flux de sève à leur niveau.
14. Aouter (août)
Période où les bois de la vigne se lignifient, c’est à dire que les bois de l’année changent de couleur, durcissent et commencent à accumuler des réserves pour l’hiver. Cycle végétatif de la vigne, une fois les feuilles tombées, la vigne va se recroqueviller sur elle-même pour le repos hivernal.
15. Vendanger (septembre, plus exceptionnellement jusqu’à novembre pour les tardives)
Consiste à récolter les raisins des vignes pour faire le vin.